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Rafael Zegarra-Parodi présente #spidi en ligne

2022/02/16

 

La formation continue « #spidi en ligne : Яevisiter la relation thérapeutique avec le modèle biopsychosocial » se tiendra les 19 et 20 mars 2022 en virtuel, de 9h00 à 12h00 (heure du Québec). Informations et inscriptions

Propos recueillis par L’Institut d’Enseignement de l’Ostéopathie du Québec

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots?

R. Z-P : Merci pour l’invitation. Je m’appelle Rafael Zegarra-Parodi, je suis ostéopathe depuis 1997, et j’ai ensuite embrassé la carrière d’enseignant et de chercheur en ostéopathie. Cela m’a amené à travailler dans différents pays, notamment deux années à temps plein à l’A.T. Still Research Institute à Kirksville (USA), ainsi qu’à Londres où je supervisais les mémoires de fin d’études à l’University College of Osteopathy. La majeure partie de mon travail est à Paris, dans mon cabinet. Depuis 3 ans, nous avons créé un organisme de formations continues, BMS formation, qui propose de revisiter les principes et les pratiques en ostéopathie. Notre mission est d’accompagner les ostéopathes dans leur pratique en utilisant au maximum les données acquises de la science, mais en essayant en même temps de préserver l’héritage ostéopathique issu des médecines traditionnelles.

 

Vous allez présenter « #spidi en ligne » en mars prochain. D’où est venue l’idée de cette formation continue?

R. Z-P : C’est parti de l’observation de mon travail en tant que chercheur et de la lecture des différents articles scientifiques sur les thérapies manuelles qui montrent que les effets des techniques manuelles sont spécifiques. En fonction de si nous appuyons longtemps, pas longtemps, fort, pas fort, sur différentes parties du corps, ce ne sont pas les mêmes récepteurs capteurs qui sont stimulés, ce ne sont pas les mêmes voies ; mais tous ces gestes spécifiques techniques sont majoritairement, principalement et désormais généralement associés à des réponses non spécifiques, c’est-à-dire une réponse générale physiologique au niveau du corps. C’est plus ce que l’on appelle l’alliance thérapeutique, c’est-à-dire la relation entre l’ostéopathe et le client, qui va amplifier ou diminuer cet effet physiologique. Il n’y a donc pas grand chose qui change dans une séance d’ostéopathie. Ce qui est d’une importance de taille, c’est que le principal ingrédient actif des effets positifs décrits par les clients, ce ne sont pas les techniques manuelles mais bien l’alliance thérapeutique. Nous avons donc voulu développer ceci, avec les données acquises de la science, pour savoir ce qui est utile pour la pratique d’un ostéopathe du 21e siècle.

 

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l’alliance thérapeutique?

R. Z-P : C’est un “contrat” qui est passé avec le client en fonction de ses croyances socioculturelles, par rapport à ce qu’il comprend de ce qu’est la santé : qu’est-ce qu’un symptôme? Qu’est-ce que la maladie? À l’ostéopathe d’essayer, en fonction de ses propres croyances, d’avoir le maximum de flexibilité pour répondre aux attentes de son client. Il s’agit de l’un des trois piliers de l’Evidence-based medicine. Nous avons malheureusement tendance à ne parler que des articles scientifiques, c’est une donnée importante évidemment. Mais il y a aussi l’expérience personnelle du praticien et l’expérience collective. Il est primordial de ne pas oublier les avis d’experts, les ostéopathes qui nous ont transmis un savoir-faire. Tout ceci doit être mis au service spécifiquement de ce que demande le client.

 

Quels sont les 3 objectifs principaux de #spidi?

R. Z-P : En 1er lieu, comprendre quels sont les principaux ingrédients qui entrent en compte dans l’efficacité d’une consultation en ostéopathie. Il y a la partie manuelle, les clients viennent nous voir parce qu’ils veulent des techniques manuelles ; mais il y a aussi toute la partie non manuelle, l’alliance thérapeutique, qui se base sur le modèle biopsychosocial et est extrêmement utile.

Le 2e point est que cette approche biopsychosociale ressemble beaucoup à des concepts d’holisme, de prises en charge intégratives, parce que l’on ne se concentre plus sur la douleur en elle-même, mais sur l’impact que la douleur va avoir dans la vie de tous les jours d’une personne. Il y a un cadre spécifique que l’on peut connaître pour essayer de potentialiser ces différents effets.

La 3e l’idée serait de se rendre compte que ce modèle biopsychosocial est utilisé par pratiquement tous les professionnels qui évoluent dans le champ de la santé et qu’il est important de pouvoir discuter avec eux lorsque l’on prend en charge les mêmes clients. Donc cela favorise les échanges interprofessionnels.

 

Au niveau du déroulement de la formation, à quoi peut-on s’attendre?

R. Z-P : Pour #spidi en ligne, nous serons présents avec 2x 3 heures avec grand plaisir. Durant la 1ère heure, je présenterai les informations contenues dans le support pédagogique. Paul Ankri, qui va co-animer cette formation, sera au clavardage et donnera au fur et à mesure les différentes données scientifiques. Cette 1ère étape sera individualisée au maximum, puisque l’on demandera aux participants de remplir un questionnaire sur leurs attentes en amont de la formation. Ensuite, ce seront surtout des cas cliniques, ce que l’on appelle des ECOS (Examens Cliniques Objectifs Structurés) avec des jeux de rôle. Il y aura également un auto questionnaire afin d’évaluer les compétences professionnelles associée à une meilleure utilisation de l’alliance thérapeutique, une utilisation en conscience.

Plutôt que l’information aille de nous vers les ostéopathes, nous allons faire l’inverse et partir de problématiques constatées par des ostéopathes dans l’accueil de différents clients. Dans le cas de la formation #spidi, nous abordons la prise en charge de douleurs musculosquelettiques qui est le motif de consultation le plus fréquent. Nous allons ensuite accompagner, avoir des échanges entre pairs, évoquer les dernières données publiées et expliquer comment contextualiser ces informations scientifiques par rapport à la pratique d’un ostéopathe qui peut varier en fonction de multiples facteurs.

 

Quel est le public visé par #spidi et y-a-t-il des prérequis pour participer?

R. Z-P : Cette formation #spidi sur “comment utiliser le modèle biopsychosocial au sein de la pratique ostéopathique” peut intéresser divers types d’ostéopathe, et pas simplement ceux qui sont focalisés sur la prise en charge de symptômes musculo-squelettiques. C’est-à-dire qu’il est important de savoir, au sein d’une relation, quels sont les effets qui entrent en compte et qui peuvent déclencher des effets contextuels. L’attitude du praticien, le langage, la façon dont il est habillé, le local, etc. Nous savons que tout ceci peut courir à améliorer les effets d’une technique. Nous parlons d’ostéopathie car nous sommes concernés, mais c’est la même chose pour toutes les autres modalités thérapeutiques. Dans les interventions complexes, non médicamenteuses, cet aspect relationnel est plus important et il est là pour accompagner différents types de techniques. Ainsi, cela peut éclairer tout type de pratique en ostéopathie.

La formation étant destinée à tous les ostéopathes en exercice et pour qu’ils s’imprègnent un peu plus de notre vision des choses, de cette ostéopathie qui va de l’EBP de la médecine occidentale jusqu’aux principes traditionnels, j’ai enregistré en août dernier un webinaire d’1 heure sur l’utilisation dans la pratique contemporaine du principe ostéopathique body-mind spirit. Il recoupe ce que nous avons évoqué sur l’alliance thérapeutique et les pratiques manuelles. Ce webinaire en anglais est recommandé en tant que prérequis, pour le suivre il faut s’inscrire gratuitement au réseau de praticiens DO-touch.net. Cela permet de donner beaucoup d’informations et de clarifier notre approche.

 

En tant qu’ostéopathe, quels seront les enseignements réutilisables dans la pratique après cette formation?

R. Z-P : Nous l’avons dit tout à l’heure, nous essayons d’être le plus pragmatiques possible. Il est nécessaire de bien savoir se positionner dans notre environnement professionnel. Dans mes études, on ne m’a pas appris l’Evidence-based medicine car cela n’existait pas encore. Tous les professionnels de santé ont cette démarche d’aller chercher les meilleurs niveaux de preuves disponibles pour aborder un sujet. En tant qu’ostéopathes, du fait que nous traitons les mêmes clients, nous avons également besoin de savoir quels sont les éléments les plus efficaces. C’est important à incorporer dans l’alliance thérapeutique par rapport à la demande spécifique de notre client, de savoir si une thérapie manuelle passive, donc des techniques manuelles que peuvent proposer les ostéopathes, est quelque chose de réellement adapté. La littérature scientifique permet justement de mieux nous aider à créer ce lien de confiance entre le client et le praticien au sein d’un parcours, et de savoir s’il y a besoin de référer à de la physiothérapie ou de la psychologie par exemple. C’est important de bien savoir se positionner et délimiter son champ de compétences.


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